L’air frais qui te fait presque plisser des yeux, Lyra roulée en boule sur l’herbe à tes côtés, sandwich en main. Un pique-nique ? Pas vraiment, t’aurais pu mais bon, pas vraiment la foi aujourd’hui. Disons que tu t’accordes une pause dans ta journée peu remplie, la boutique est pour une rare fois fermée et tu n’avais pas forcément envie de trainer chez toi où au Couvent, alors t’es là, à Highland Park, en profitant d’un superbe jambon-beurre qui pourrait en faire pâlir plus d’un -non, c’est pas vrai, ça fait pâlir personne ton jambon-beurre maison là-. Aujourd’hui t’as pas vraiment envie de travailler, de réfléchir, ou ne serait-ce que de penser à quoi que ce soit, tu veux juste un minimum de tranquillité, un semblant de vie simple et agréable, une vie normale comme on en fait plus.

Sauf que toi, la normalité c’est pas compatible avec ta nature même. T’es pas normale, ta vie sera pas normale, c’est comme ça que ça marche et fin de l’histoire. Et honnêtement ? T’es plutôt en paix avec cette idée, pas encore totalement, mais tu t’y habitue vite, peut-être plus vite que tu ne le pensais d’ailleurs. Lyra grimpe sur tes genoux, pattes sur ta poitrine avant de miauler doucement, comme pour attirer ton attention -ce qui marche d’ailleurs-. “Qu’est ce qu’il se passe ? Tu veux qu’on bouge de là ?” Un nouveau miaulement en guise de réponse et tu souffle, amusée de la réaction de l’animal qui grimpe maintenant sur ton épaule, venant s’y installer comme une déité sur un trône. “Okay okay .. J’ai compris on change de spot.”

Combien de temps que tu te promènes ? Une petite quinzaine de minutes à peu près ? Ouais, à vu de nez ça doit être ça. Quinze longues minutes que mademoiselle Lyra ne trouve pas de coin assez bien pour son royal postérieur félin, enfin de ce que tu penses parce que Mademoiselle fini par quitter tes épaules pour aller se promener, ta petite personne à ses trousses. Aboiement qui résonne et vous fait sursauter toutes les deux, vos regards se croisant l’espace d’un instant avant que ta moitié animale ne pose son regard sur l’imposante silhouette d’un noir semblable à une nuit d’encre alors que ton regard à toi vient détailler l’espace d’un instant son propriétaire. “Lyra, on peut aller là-bas, aller viens.” Pas de miaulement, aucun geste pour te signaler quoi que ce soit, Lyra n’est plus là. Lyra, cette saloperie démoniaque aux allures de chat innocent, elle trace son chemin vers ce qui ressemble en tout point au pire ennemi de la moitié des chats, un chien. Et bien sûr qu’elle vient se poser devant la bestiole, la toisant d’un regard .. presque amical ? Presque, ton animal totem reste un chat, faut pas non plus croire qu’elle va venir lui taper son meilleur miaulement de copain-copain pour aller gambader dans la forêt avec, clairement pas. Mais pourtant elle regarde pas l’animal avec dédain, juste un regard qui peut se traduire par un “Je sais ce que t’es, j’le suis aussi.”

“Lyra ! J’suis désolée, vraiment ! Je voulais pas déranger.” Boule de poils attrapée entre tes bras alors que tu souffles lourdement. Animal qui ne se débat pas, qui miaule simplement alors que toi tu ne sais pas vraiment ou te mettre. “J’espère que Lyra n’a pas fais peur à ton chien ou quoi .. elle voulait juste venir se poser ici quelques instants, elle aime bien ce coin !” Un sourire accompagné de tes mots alors que tu reposes ton regard sur l’animal accompagnant le jeune homme dans l’herbe. “Ton chien est superbe .. Comment il s’appelle ?” Douceur dans la voix, douceur qui s’amplifie alors que tu viens t’accroupir non loin de l’animal, tendant doucement une main vers lui, paume tendue vers le ciel.

Douceur dégagée par cet inconnu qui t’explique que ce n’est pas grave. Que le caprice de Lyra n’est pas un problème dans sa journée. Petit sourire désolé envers ce jeune homme dont le visage te semble étrangement familier, t’as pas déjà vu ce type quelque part ? Peut-être, t’as un doute. Main qui entre en contact avec le pelage de celui qui est présenté comme Hitam, tu viens commencer à glisser ta main dans son pelage aussi sombre que tes cheveux. “Enchantée Hitam, elle c’est Lyra.” Miaulement en signe de présentation de la part de la bestiole qui te quitte de nouveau pour s’approcher de cet homme, venant poser ses petites pattes sur sa jambe pour venir renifler son sandwich. “Te laisse pas avoir par son air mignon, elle a déjà eu du jambon.” Un petit rire te quitte alors que tu t’installes au sol, gardant ta main dans les poils noirs d’Hitam. Invitation lancée à participer au pique-nique, avec un sandwich en argument fait pour quelqu’un travaillant au Chat Noir. Et ça tilte, ton cerveau fait la connexion qu’il fallait faire pour que tu te souviennes d’où tu connais ce type, enfin connaître est un grand mot, tu ne connais plus son prénom, mais t’as déjà entendu Nikolas en parler c’est sûr. “Ce serait avec plaisir. Mais je devrais pas prendre le sandwich de quelqu’un non ?” Toi dans ton sac tu as des gâteaux, et une bouteille de jus de pomme. Bien entendu tu sors les deux. Cookies fait maison avec l’aide de Niko parce que t’es loin d’être une pro de la pâtisserie toi, t’es plus douée pour manger que pour faire.

“Je m’appelle Ellie, et toi ?” Petite présentation comme on en fait plus alors que ton chat s’installe comme si de rien n’était sur ton partenaire de pique-nique. “Lyra .. Excuse là, elle est souvent comme ça.” Il finit par poser la question de lui-même quant à une possible croisade. “Oh ? Probable, je suis la fleuriste du coin, alors si t’as déjà acheté des fleurs, c’est ma tête que t’as déjà vu !” Seule fleuriste de Salem, il est plus que probable que vous vous soyez déjà croisés de cette manière. “Hitam, c’est ton totem non ?” On tourne pas autour du pot nous, non non M’sieur. On sait ce qu’est l’autre, alors autant le dire à haute voix non ? Non ? Okay, peut-être pas ailleurs, mais là il n’y a que vous alors, autant en profiter.

Un mannequin. Voilà pourquoi il dégage ce petit quelque chose qui semble venir d’un autre monde. Cette prestance malgré la simplicité de la situation dans laquelle il se trouve. C’est toi qui fais les fleurs pour ses photoshoots ? Peut-être, fort probable, en même temps t’es la seule fleuriste du coin. Tu hoches la tête dans un grand sourire, bien entendu que c’est toi, ça ne peut être que toi de toute manière. Croc piqué dans le sandwich de la personne qui malheureusement n’a pas pu le rejoindre, tu commences à réfléchir lorsqu’il te parle d'une Hortensia, cependant il n’a aucun souvenir de la couleur. Aïe, ça va pas être simple ça, mais bon, tu vas pouvoir te débrouiller. Lyra ronronnant sur ses jambes, tu commences à marmonner dans ta barbe inexistante, Hortensia, Hortensia .. “Ah ! L’Hortensia symbolise la beauté, la grâce et la beauté ! On peut traduire ça par un remerciement sincère, où encore une déclaration de sentiments sincères et profonds !” Une déclaration d’amour, les fleurs sont à tes yeux les plus belles déclarations que l’on peut faire à un être humain, alors c’est pour ça que tu sembles surprise lorsqu'il espère que cela puisse dire qu’il le déteste. Pourquoi voudrait-on être détesté ? ““Pourquoi tu penses ça ? On offre pas de fleurs à quelqu’un que l’on déteste. Enfin, on peut .. Mais généralement on ne le fait pas.” Confirmation que le gros chien aux airs de loup est un totem et ton sourire s’attendrit. Il est comme toi, et sans doute solitaire vu que tu n’as jamais croisé sa bouille au sein du Couvent et que les Epouses n’acceptent aucun homme. ““Tu es un sorcier solitaire non ? Je ne t’ai jamais vu dans mon Couvent.”

Miaulement en guise de réponse signifiant que oui, ses jambes sont confortables avant qu’une masse noire ne rapplique tel un enfant jaloux. La discussion entre les deux, parce que oui, c’est une discussion clairement te fait légèrement rire alors que tu appelles Lyra qui revient après s’être étirée de tout son long. ““Je te rassure, Hitam n’est pas le seul qui prend toute la place ! Lyra est petite, mais elle sait te faire comprendre qu’elle a besoin d’un lit double pour elle seule !” Miaulement en guise de contradiction alors que ta main glisse dans son pelage aux couleurs claires. ““Mais bon, on les aime nos animaux alors on accepte de se sacrifier pour eux.” Question sacrifice on aura vu pire que laisser de la place dans un lit, vraiment. Regard clair qui se pose sur son visage pâle, sourire détendu au visage alors que tu croques à nouveau dans le sandwich. ““J’y pense ! Qu’est ce que tu fais ici ? Si t’es mannequin tu devrais pas genre être .. hyper occupé ? T’as réussi à fuir les photographes ?” Questions qui glissent les unes à la suite des autres comme un enfant curieux. Tu veux pas t’introduire dans sa vie privée, mais tu te dis qu’il a peut-être besoin de parler ? On vient rarement manger seul quelque part, d’autant plus si l’on devait être à deux à la base.