Joséphine Wardwell est un accident. C’est ce que ses parents n’ont eu de cesse de lui répéter depuis sa naissance. Elle n’était pas prévue, et il était trop tard pour faire quoi que ce soit quand le couple s’est rendu compte de la grossesse. Faut dire aussi que sa mère, Glinda, n’avait  aucunement envie de rester cloîtrée à Salem. Alors, quand elle a rencontré Philippe Richard, journaliste en herbe, elle n’a pas pu résister. Elle l’a suivi à travers les six continents, et ce n’était pas un bébé qui allait changer ça. Alors Joséphine a été déposée chez sa grand-mère, Tess, à Salem et n’a revu ses parents que épisodiquement les premières années de sa vie.


Jo s’est vite rendu compte que sa situation familiale était particulière. Les enfants ne sont pas toujours tendres entre elleux, bien que ce ne soit pas de leur faute. Iels répètent seulement ce qu’iels entendent de leurs parents. Et Salem n’est pas une si grande ville que ça. Très vite, Jo a été mis de côté par ses pairs. Après tout, si ses parents ne voulaient pas d’elle, c’est qu’il y avait un problème avec elle. Et personne ne veut être ami·e avec une enfant « à problème ».
Heureusement, grand-mère Tess avait une large bibliothèque et Jo a très vite pris refuge parmi les livres. D’abord pour s’évader et vivre des aventures romanesques, ensuite pour assouvir une soif inépuisable de connaissances avec des encyclopédies et ouvrages de référence.


Jo a neuf ans quand sa mère revient vivre avec elle et grand-mère Tess. Glinda est malade, un cancer. Elle est trop fatiguée pour continuer à suivre Philippe. Philippe reste quelques semaines, puis repart – il y a toujours une histoire à reporter quelque part dans le monde.
Jo a vu sa mère dépérir durant plusieurs mois. Elle a supplié grand-mère Tess de la soigner, de demander de l’aide à son Couvent. C’est à ce moment que Jo a compris que la magie n’était pas une réponse universelle.
Puis Glinda est décédée, et les regards ont changé. Jo n’était plus une enfant abandonnée, rejetée par ses parents. Elle était orpheline. Ces personnes qui avaient passé des années à murmurer dans son dos la traitaient désormais avec pitié. C’était pire.


En quelques mois, Jo avait enfin pu apprendre à connaître sa mère et à l’aimer, même si ce n’était que pour un temps. C’était mieux que rien. Même si elle ne comprenait pas pourquoi sa mère ne voulait rien avoir affaire avec Salem, sa mère a pu la rassurer sur le fait que Jo était quand même aimée, malgré son arrivée imprévue. Et que Jo était tout à fait légitime à vouloir suivre les traces de sa grand-mère. Avoir l’approbation et la reconnaissance de ce parent déserteur avait été étonnamment libérateur. Et du haut de ses dix ans, Jo espérait qu’un tel changement se produirait chez son père également.
Mais il n’y eut rien.
Quelques visites, d’abord tous les deux ou trois mois. Puis tous les six mois. Puis une carte pour son anniversaire, parfois une pour Noël.
À quinze ans, elle a arrêté d’ouvrir les cartes de Philippe (sans savoir que grand-mère Tess les conservait toutes dans une boîte à chaussures au fond de son armoire). Si Philippe se fichait d’elle, Jo ne perdrait pas  une seconde de plus à penser à lui.
Malheureusement, les livres ne suffisaient plus comme refuge. La magie commença à prendre une plus grande place. Grand-mère Tess s’assura de son éducation, mais Jo restait une adolescente. Une adolescente en colère, qui plus est. Elle fit le mur, retrouva d’autres sorcier·ères pour traîner la nuit, le week-end et s’amuser avec un peu de magie. Elle était jeune, elle était libre, elle était puissante. Il n’y avait aucune limite.


Les études supérieures amenèrent un nouveau souffle de liberté. De nouvelles rencontres, de nouvelles expériences, de nouvelles opinions. Jo excellait en Histoire le jour, participait à des meetings la nuit, et relâchait la pression le week-end. Il y avait tout un monde en dehors de Salem, et ce n’était pas juste quelque chose d’abstrait qui lui avait volé l’opportunité de grandir avec ses parents. Par moments, elle comprenait le désir intarissable de Philippe de vouloir reporter le moindre fait, la moindre détresse, d’alerter celleux qui vivaient protégé·es par trop de privilèges. (Mais Jo culpabilisait aussitôt, parce que rien ne justifiait l’attitude de Philippe envers elle !)
Sa colère adolescente, recadrée par grand-mère Tess avant qu’elle ne dérape de trop, se raviva. Et avec elle, son désir de puissance magique. Pas pour elle-même, pas pour dominer les autres, non. Pour aider à réduire les inégalités, combattre les injustices et faire taire les préjugés. La magie est un outil comme un autre après tout !


Jo a 25 ans. The Witch’s Lair, une librairie du centre-ville de Salem, l’a embauchée et elle se sent bien. Elle se sent chez elle. Elle voit sa vie toute tracée, et loin de l’effrayer, ça la rassure. Elle fait vœu et devient Épouse du Couvent de l’Équilibre.
Certain·es avaient eu vent de ses exploits étudiants et adolescents, et ne voyaient pas sa venue d’un bon œil. D’autres parlaient de traitement de faveur par sa grand-mère. Le souvenir de Glinda, qui avait rejeté toute appartenance à la communauté, n’était pas loin non plus. Ce n’était pas grave, Jo avait l’habitude des regards en coin, des chuchotements dans son dos. Il en fallait plus pour l’atteindre.


Au fil des années, Jo a fait ses preuves au sein du Couvent. Hors de l’ombre de grand-mère Tess, elle parvint à se faire respecter par ses pairs. Ses « erreurs » de jeunesse n’étaient que ça, des erreurs. Ce qui comptait, c’était ce qu’elle faisait maintenant.
Quand on lui a proposé de devenir enseignante au Couvent, pour aider les plus jeunes, elle a d’abord hésité. Puis elle a pensé à grand-mère Tess, s’est souvenu de la manière dont elle l’avait guidée doucement mais fermement. Alors Jo a accepté, espérant faire honneur à sa grand-mère. La meilleure décision de sa vie ! Jo s’épanouit dans cette nouvelle occupation, a trouvé un but qu’elle ne savait même qui lui manquait. Et à chaque fois qu’elle se retrouve face à un·e élève, elle se demande « WWTD ? » What would Tess do?


Aujourd’hui, et depuis six ans, Jo est membre du conseil du Couvent de l’Équilibre. Elle partage sa vie entre The Witch’s Lair, où ses heures ont été réduites, et le Couvent, où elle guide les jeunes (et parfois moins jeunes) membres à apprendre et contrôler leur magie.
La colère est toujours présente, frémissante. Les cicatrices, bien que indolores depuis des années, sont toujours là aussi. C’est un travail quotidien que de ne pas se laisser noyer par la passion, mais Jo a confiance. Avec le soutien indéfectible de grand-mère Tess, la présence rassurante du Couvent, elle peut enfin oublier les démons de son passé et se concentrer sur ses projets futurs.

Bienvenue dans l'aventure !
Voilà une petite vie bien tristounette pour une belle femme qui fera sans doute des merveilles ! Aucune raison de te laisser attendre plus longtemps ! On te file les clés et file donc t'amuser !


Te voilà maintenant prêt.e à te lancer dans l'aventure ! Tu peux d'ores et déjà créer ta fiche de lien afin de ne pas arpenter les rues de Salem seul.e ! Tu peux également te connecter en créant ton compte twitter ainsi que ton téléphone portable ! Et parce que s'ennuyer à deux, c'est mieux, tu peux partir à la recherche d'un.e partenaire ( ou plusieurs ! ) par ici !